Raphaël :
Notre humanité a un problème d’eau potable mais nous avons aussi échangé sur le fait que l’eau est associée aux émotions et au féminin. Peut-on dire que ce problème d’eau potable est symboliquement très révélateur des déviances/blocages de notre humanité vis-à-vis du Féminin ?
Réponse de Robin :
C’est un vaste sujet que de répondre à savoir s’il y a une corrélation entre les soucis d’eau potable et le féminin ! Tu aurais pu dire entre l’eau, la terre, le féminin et les hommes …
Je suis petit-fils d’agriculteur, de ce fait, ma vision de notre planète est puissante car j’ai baigné depuis mon enfance dans les cadeaux merveilleux et gratuits qu’elle nous offre en toute générosité à chaque seconde. Mon grand-père était cultivateur et précurseur de méthodes écologiques de cultures céréalières, il avait un amour et un respect immense pour la terre. Avant son départ, il fût plongé dans une affliction totale face aux dégâts que l’agro-industrie engendre sur cette terre.
Pour la petite histoire, de son vivant, ma grand-mère, épouse de ce grand-père cultivateur m’a dit je ne sais combien de fois : « Tu sais, si ton grand-père revenait maintenant sur terre, il ne voudrait pas rester une seconde et demanderait à repartir tout de suite tellement il souffrirait de voir ce que l’homme, l’humain si intelligent, a fait à la terre. Voir l’état de la terre lui serait totalement insupportable ! «
Je partage à 1000 % le point de vue qu’aurait mon grand-père. Désolé mais l’égarement est tellement immense, j’ose à peine garder mon œil ouvert sur l’étendue des dégâts tellement c’est douloureux. Mon grand-père et ma grand-mère (qui n’était pas en reste vis-à-vis de son époux) m’ont transmis, légué des connaissances, des savoirs, des valeurs avec lesquelles j’ai grandi, je me suis bâti, eux sont partis, moi je suis ici …!
Eau potable ou pas, c’est toujours la même eau, il n’y en a pas 2 sortes d’eau sur terre, l’eau que nous buvons est celle des océans qui par évaporation forme des nuages qui viennent arroser, fertiliser la terre, remplir les nappes phréatiques, former les glaciers qui se transforment en eau douce, douce mer/mère …
La terre est une terre, le féminin, elle, est notre mère nourricière, celle qui nous permet de vivre, nous donne la vie afin d’expérimenter le vivant, la vie aussi bien matérielle qu’immatérielle. Elle nous est juste prêtée et cette notion est d’une extrême importance. Prêter à nous, humains, ainsi qu’à une multitude d’autres formes de vie toutes aussi importantes voire plus importantes, INDISPENSABLES que la notre ! Que serait notre existence sur terre si toute la faune et la flore n’existait pas ? Nous ne pourrions simplement pas exister ! Arrêtons de nous croire le centre du monde, de nous croire si important, cette vision est éculée et débile.
L’eau, le »O », là aussi est le féminin. Sans cette eau aucune vie de peut exister, nous ne pouvons nous passer d’elle. C’est aussi cette eau qui nous met au monde dans le ventre de nos mères. Cette eau sur terre est le liquide amniotique par lequel tout est venu au monde. Toutes les premières formes de vie se sont développées dans l’eau, matrice originelle du vivant tout comme les végétaux de la terre ont eu besoin d’eau pour être créés par la vie, pour la vie. C’est l’exact réplique des ventres de nos mères, matrices créatrices de vie. Elles sont, elles-aussi sources de création de vie, du vivant. A bien y regarder, j’y vois une fractale. Quelles différences fondamentales dans leur fonction y a-t-il entre les mers qui créent le vivant et nos mères qui créent la vie dans l’eau, fondamentalement où est la différence ?! Ces 2 eaux, celle de la terre et celle de nos mères, sont 2 liquides amniotiques créateurs du vivant, chacun sous leur forme, chacun à leur échelle de grandeur, chacun dans leur rôle, dans leur fonction, matrice, créatrice de la vie et du vivant si semblable.
J’enfonce des portes ouvertes mais nous sommes constitués de +/- 75 % d’eau, tout comme la terre, curieux non ? Cette création, la terre ressemble fort à cette création qu’est l’humain. La vie, le vivant sort des eaux pour l’un comme pour l’autre ! Curieux non ! D’ailleurs, à bien y regarder, ne devrions nous pas appeler cette terre, la planète mer ou la terre mère puisque sa plus grande partie visible est de l’eau de mer/mère…
C’est évident, il y a un souci majeur sur notre terre, la planète « mère », avec le féminin dans son ensemble. Les premières victimes à grande échelle sont la terre et l’eau étant l’une et l’autre ravagées, saccagées par l’homme. A l’excès, le masculin est une énergie en quête perpétuelle de pouvoir qui cherche à dominer, contrôler, exploiter, gagner. Elle recherche la gloire et le profit par la marchandisation du vivant. Nous parlerons bien évidemment du Féminin sacré qui manque tant à cette humanité si dure et nous reparlerons aussi du masculin sacré et de son mauvais emploi par les hommes. Mais pas tout de suite, c’est un sujet sur lequel beaucoup de choses ont déjà été dites et écrites.
En prenant de la hauteur, ce que je vois c’est que tout l’argent de ce monde, n’est rien d’autre que le sang de millions d’êtres humains. Cet argent est la somme immense de la dévastation de la biosphère et de tous les écosystèmes. Tout ce carnage pour du papier et des chiffres virtuels sur des écrans d’ordinateur, c’est tellement… je n’ai pas de mots, je ne vois que des maux ! Certains diront : « oui mais c’est l’évolution »… Est-ce qu’une évolution passe par la destruction pour s’enrichir ? Est-ce que l’on ne se voile pas la face comme l’autruche qui plonge la tête dans son trou ?! J’y vois plutôt une forme de régression, pour le moins un égarement total pour rester courtois. A mes yeux, une évolution est d’offrir plus que ce que l’on prend, évoluer c’est être une valeur ajoutée, un + et non un -.
Passons sur ce carnage momentanément car le sujet est vaste en fait.
Revenons sur nos modes de cultures agro-industriels et là, c’est un véritable viol des sols et l’empoisonnement de notre eau que nous pouvons observer. On laboure la terre, nous la violons, nous y creusons des sillons qui tuent toutes vies animales et microbiennes dans les sols. Et en prime pour couronner le tout, nous la bourrons d’intrants chimiques, d’engrais et pesticides, insecticides chimiques nauséabonds que nous diluons dans l’eau pour les répandre. C’est un véritable assassinat du vivant jamais égalé sur terre. Des champs d’horreur moribonds où poussent des céréales et végétaux tout aussi moribonds qui finissent dans le ventre d’animaux qui deviennent malades et fous pour finir dans nos ventres, nous rendant malades également ! Comment échapper au cancer et autres maladies en ingurgitant la mort elle même ?! C’est d’une telle inconscience, un abîme !
La terre, nous la labourons et la bourrons, nous ne faisons que la bourrer comme des bourrins ! Mais quand est-ce que nous caressons ? Quand est-ce que nous aimons, protégeons, servons, restituons tout ce qu’elle nous offre en toute gratuité ? Quel manque de reconnaissance en fait, quelle outrecuidance vaniteuse que cette maltraitance de notre mère nourricière… Tiens, à bien y regarder, comment traitons nous les femmes de cette terre, les mères nourricières de chaque famille et nos enfants, le produit de nos labours… ? Je m’égare…. Mais il y a là quelque chose sur laquelle je reviendrai plus tard. Tu sais, cette façon dont nous plantons nos graines… J’ai évoqué le fait que nous étions des jardiniers qui cultivions notre réalité par les graines que sont nos pensées, paroles et actes que nous semons à chaque seconde. Que dire des graines et de la façon dont nous les plantons dans nos femmes ainsi que de l’utilisation du plantoir…. ? J’y reviendrais, tu peux compter sur moi mais c’est un sujet « délicat » autant que tabou alors qu’en fait, il est le miracle des miracles, mais si mal compris, si mal vécu, si mal utilisé !
Pour en revenir au sujet, oui nous pouvons, devons faire le constat qu’il y a un souci avec le féminin car comme dit plus haut, tout ce qui est féminin ici sur terre semble complètement incompris conduisant à son avilissement et son abus, sa maltraitance, chemin direct à notre effondrement.
UNE terre, UNE eau, UNE femme, 3 féminins, toutes 3 porteuses de vie, toutes 3 donnant, offrant, créant la vie, le vivant sont en fait les 3 composantes du vivant les plus maltraitées, exploitées, avilies sur cette planète. Mais de quoi l’homme a-t-il si peur pour tenter de détruire le Féminin d’une telle façon ? Qu’est ce qui fait peur à l’homme pour maltraiter d’une telle façon tout ce qui est féminin, tout ce qui porte la vie, l’engendre, la créer, co-créer, re-créer depuis des siècles ? Quelle est cette peur ? Car une telle attitude vis-a-vis du féminin ne peut être vue, comprise, que sous la forme de la peur puisqu’il y a, de toute évidence, tentative de destruction « inconsciente » de ce qui est féminin. Cette peur semble tellement immense qu’il faille détruire la cause de cette peur, croyant de ce fait, pouvoir lui échapper.
La peur de ce qui porte la vie, ce qui créé la vie… pourquoi une telle attitude ? Est-ce que l’homme aurait peur de vivre, d’être en vie, d’être vivant ? D’où vient cette peur d’être en vie, d’où vient cette peur du vivant ? …. ah oui … ! La mort ! Voilà bien la grande peur des hommes, mourir. Alors pour échapper à la mort, il veut profiter, s’enrichir, conquérir, marquer l’histoire, posséder, dominer, trouver des substituts dérisoires lui donnant l’illusion d’être heureux avant de mourir. Alors, si nous regardons de plus près encore ou avec plus de hauteur, la stratégie de l’homme ayant peur de la mort est de lui échapper en tuant le vivant pour le profit et l’exploitation. S’enrichir pour jouir du plaisir qui détruit… hum, hum, merveilleux concept de la vie, génial, quel génie ! Quelle intelligence alors, quelle belle évolution ! Quelle grandeur ! Quelle beauté, on en reste béat !
Tu crois que je raconte des sottises, n’y a-t-il pas une grande vérité dans ces propos ?
Mais continuons un peu notre réflexion de départ sur la peur du féminin, la peur de ce qui créé la vie. Est-ce que ce n’est pas de cette toute puissance bienfaisante dont l’homme a peur ? N’a-t-il pas peur de ce féminin si sacré et de ses 3 éléments que sont : UNE terre, UNE eau, UNE femme ? Nous pouvons nous poser la question de façon tout à fait légitime, car OUI ces 3 éléments fondamentaux assurent la pérennité de la vie, du vivant. Ce sont les 3 fondamentaux les plus maltraités, les plus pollués, les moins respectés, les plus incompris, les plus exploités, les plus détruits pour des profits, pour gagner sa vie plus que la vivre. Et où tout cela nous conduit-il ? Sans aucun doute à de très très grandes difficultés et à un défi majeur pour cette humanité.
Que pouvons-nous déduire de cet état de fait ? Et bien tout simplement que le vrai message Christique n’a pas été compris, conscientisé par l’humanité. Rien, ou pas grand chose de la profondeur de son message, n’a été incarné sur la planète « mère ».
Quel était ce message ? La révélation d’un féminin sacré inhérent, intrinsèque à l’expression la plus noble, la plus pure de la vie et du vivant. Cette expression est celle de l’AMOUR, de la générosité, du partage, du don de soi, de l’altruisme bienveillant que réalise chaque jour à chaque seconde les 3 fondamentaux féminins de la création, à savoir : une terre, une eau, une femme. Ces 3 sources séculaires, multi-millénaires créent, recréent, co-créent du vivant, de la vie, la Création. Et ce, à l’infini depuis des siècles et des siècles pour des siècles et des siècles.